Paris, France
October 2009
Source: AGPM-INFO No. 443
L’année 2009 marque des évolutions notables dans la gestion du dossier diabrotica. Deux événements majeurs mettent en lumière l’esprit de responsabilité et la vision à long terme qui animent la filière française du maïs : la création en 2009 de la première caisse de solidarité en application de la loi sur le développement des territoires ruraux de 2005, et la proposition formulée auprès de l’administration pour faire évoluer la lutte contre diabrotica.
Une caisse de solidarité des maïsiculteurs
Comme déjà décrit dans les précédents numéros de AGPM Info, la Cotisation Volontaire votée début septembre en Section Maïs et Sorgho du GNIS sera étendue dans les prochains jours par l’État, par voie d’arrêté. Cette cotisation
appliquée sur les semences de maïs (1 €/dose), et donc payée par tous les maïsiculteurs, va permettre d’indemniser les agriculteurs victimes des mesures de lutte obligatoire. Pour les agriculteurs situés en zone focus, le principe d’une indemnisation à 100 %, partagée à égalité entre l’État et la caisse professionnelle, a été retenu. Sur les zones sécurité, les agriculteurs ayant le choix entre rotation et traitements, l’accord trouvé entre l’État et la profession porte sur une indemnisation à 80 % des pertes économiques dues à la rotation, et 40 % du coût des traitements (larvicides et adulticides). Cette caisse permet de couvrir les pertes économiques dès cette année, même si les financements ne rentreront réellement dans les caisses du GNIS qu’à partir de cet hiver. À cet effet un dispositif transitoire permettra de traiter les dossiers des agriculteurs pour 2009.
Toutefois, la multiplication des foyers en 2009 entraîne inévitablement des inquiétudes sur la caisse de solidarité. Un premier point est acquis : la cotisation n’ira pas au-delà d’1 €/dose, ce point est d’ailleurs souligné dans l’accord interprofessionnel signé au sein du GNIS. La seconde donnée est primordiale pour la suite de la lutte: si on applique strictement la réglementation en cours, la caisse de solidarité ne permettra pas d’indemniser les agriculteurs au niveau annoncé, les besoins étant portés au double de la capacité de la caisse. Ce point est fondamental dans la réflexion sur l’évolution réglementaire de la lutte contre diabrotica, d’autant que si le budget pour la caisse explose, il en est de même pour le budget venant de l’État, par construction équivalent !
Au vu du bilan, la lutte doit évoluer
2009 a vu le nombre d’insectes piégés exploser en Alsace et Rhône-Alpes où de tels piégeages n’avaient jamais été réalisés. Au final une vingtaine de foyers ont été détectés sur l’Est de la France (Alsace, Bourgogne et Rhône-Alpes) avec un piégeage total de près de 300 insectes. Le constat nous semble clair : Diabrotica est en cours d’installation en France, d’autant que la pression d’arrivée des insectes est très forte avec un stock italien qui « déborde » après une année sans traitements de semences. La filière a donc formulé des propositions concrètes pour faire évoluer les règles de la lutte contre diabrotica. D’abord, il faut sortir de la stratégie d’éradication, très coûteuse économiquement, mais aussi du point de vue de l’utilisation des produits phytosanitaires. Ensuite il faut adopter une autre stratégie vis-à-vis de cet insecte, pour empêcher son développement trop important, étant entendu qu’il faudra à terme apprendre à vivre avec. Il a donc été proposé à l’administration une nouvelle perspective, dont le but est de contrarier l’installation de l’insecte. Il s’agit de travailler sur un traitement généralisé des semis, traitements
les plus efficaces contre diabrotica, associé à un dispositif d’interruption des monocultures de maïs.
Même si la totalité du dispositif n’est pas actée aujourd’hui, les tendances sont claires et certaines mesures validées : - abandon des traitements systématiques contre les adultes à la moindre capture, - autorisation de faire du maïs en 2010 pour les agriculteurs des zones sécurité des foyers de 2009 n’ayant pas fait les traitements adulticides en 2009, - abandon de la stratégie d’éradication sur les régions Alsace et Rhône-Alpes (mais maintien en Bourgogne) à compter de 2010, avec mise en place d’un plan d’endiguement.
Ces propositions sont engageantes pour la filière, mais elles ont pour but d’en assurer la pérennité à moyen et long terme, face au développement d’un insecte très nuisible à la culture s’il venait à s’installer. C’est collectivement
que la filière parviendra à contenir cet insecte, surtout tant que n’existera pas une panoplie de moyens de lutte variée et pérenne, en particulier les traitements de semences, tels qu’ils existent dans certains pays de l’Union Européenne et aux USA, et les OGM tels qu’en disposent en particulier nos concurrents américains.