France
February 26, 2025
Une récente étude d’Arvalis, qui a été au centre de la conférence de presse organisée, par SEMAE, l’interprofession des semences et plants, à l’occasion du Salon international de l’agriculture le 26 février, a démontré qu’il était possible de répondre positivement à cette question. Face aux défis des enjeux climatiques et alimentaires grandissants, la création variétale n’est plus une option, mais fait partie des solutions. Pour être menée à bien, le soutien financier de la recherche est indispensable.
Les vagues de chaleur, la sécheresse et la réduction des produits de protection des plantes bousculent l’agriculture française. Alors que la France vient de connaître sa pire récolte de blé depuis 40 ans, une question cruciale se pose : comment garantir des récoltes suffisantes et de qualité face à un climat toujours plus incertain ? La réponse réside en partie dans le progrès génétique.
L’innovation variétale est l’un des axes majeurs de l’adaptation d’une production de céréales économiquement viable, devant faire face aux enjeux du changement climatique, de la protection intégrée des cultures et de l’adéquation de la production aux besoins des marchés et des consommateurs
déclare Jean-Pierre Cohan, directeur Recherche et Développement d’ARVALIS.
La France est le 1er producteur de céréales en Europe avec près de 6,6 millions d’hectares cultivés pour la récolte 2024, dont plus de 4 millions uniquement pour le blé tendre. Les céréales à paille – blé tendre, blé dur, orge, avoine, seigle, riz, épeautre et triticale – représentent le premier groupe d’espèces cultivées en France et dans le monde.
Le progrès génétique : un levier indispensable
A l’été 2024, la France a connu sa pire récolte de blé depuis 40 ans. Les rendements plafonnent depuis 1997. L’étude “Progrès génétique en céréales à pailles : bilan et perspectives” menée en blé tendre, blé dur, orge d’hiver, orge de printemps et triticale par Arvalis démontre que le progrès génétique rendement est constant depuis 1987. Il est donc un allié incontournable pour répondre aux contraintes qui s’appliquent à la production aux champs.
Le progrès génétique rendement est significatif, quel que soit le niveau de stress hydrique ou azoté appliqué. Il contribue donc à la stabilité des rendements face à des conditions agro-climatiques de plus en plus incertaines. L’étude a également révélé une tolérance croissante aux bioagresseurs. Par exemple, en 2022, plus de 70% de la sole de blé tendre cultivée en France l’étaient avec des variétés présentant une résistance à la septoriose (l’une des maladies majeures du blé en France) moyenne à élevée. En 2005, plus de 70% de la sole de blé tendre cultivée en France l’étaient avec des variétés sensibles à moyennement tolérantes à cette même maladie. La multi-résistance des variétés de blé face à un cortège de bioagresseurs est l’une des clefs de réussite de la performance des futurs systèmes de production. En effet, ces variétés sont les piliers de l’adaptation face au changement climatique et aux défis de la protection intégrée des cultures. Elles doivent être utilisées dans le contexte général d’adaptation des systèmes de culture et d’optimisation des pratiques par les agriculteurs.
Nous devons créer une synergie pour apporter aux agriculteurs français des variétés qui répondent à leurs propres contraintes et bien sûr aux attentes sociétales. Le monde agricole doit aussi se réapproprier certaines réflexions, comme les NGT, trop souvent confisquées par un débat sociétal contradictoire qui se judiciarise et qui fragilise le développement de solutions concrètes et déterminantes.
déclare Thierry Momont, président de la section Céréales à paille et protéagineux de SEMAE.
L’amélioration de la génétique du blé est nécessaire pour appuyer le travail des agriculteurs face à des aléas climatiques incertains et croissants (résistance à la verse, aux stress biotiques (maladies, virus, insectes) et abiotiques (chaleur, gel, sécheresse, …) tout en fournissant du blé de qualité (hausse de la productivité, de la valeur meunière, …) et en répondant aux besoins des consommateurs désireux d’une alimentation saine et française.
Investir dans la recherche pour maintenir une agriculture performante
Grâce au progrès génétique, la qualité du grain continue de s’améliorer. Pour rester compétitive et durable, la filière céréalière française doit intensifier ses efforts de recherche. La section Céréales à paille et protéagineux de SEMAE finance et suit, en partenariat avec la FNAMS (Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences) un programme d’actions de recherche et développement avec deux objectifs principaux : répondre aux problématiques techniques rencontrées lors de la production de semences et entretenir la haute performance du réseau d’agriculteurs-multiplicateurs de la filière semencière française. Aujourd’hui, de nombreux programmes de recherche novateurs, portés par le FSOV, ont été retenus. Leur objectif : trouver des outils génomiques ou agronomiques pour améliorer les résistances durables à différents pathogènes sur 4 espèces de céréales à paille (blé tendre, blé dur, orge et triticale) tout en leur permettant de mieux s’adapter au changement climatique.
Répondre aux attentes des agriculteurs et des consommateurs
Face aux défis posés par le changement climatique et la réduction des produits de protection des plantes, les nouvelles variétés de blés doivent concilier rendement, résilience et qualité. Les agriculteurs ont besoin de solutions concrètes et adaptées à leurs réalités, tandis que les consommateurs recherchent des produits issus d’une agriculture durable et locale.
Les céréales à paille représentent 70 % des surfaces cultivées en France. Pour faire rayonner cette agriculture mais surtout pour répondre à des enjeux climatiques et alimentaires grandissants, un investissement plus conséquent dans la recherche est nécessaire. En effet, comment fait-on face à des concurrents mondiaux qui utilisent des méthodes que nous ne sommes pas autorisés à utiliser ? Il faut trouver des moyens pour compenser financièrement ce retard sur les moyens génétiques. Les nouvelles technologies sont importantes mais il existe des moyens techniques, moins coûteux, qui sont tout aussi intéressants à utiliser pour faire avancer la création variétale. Il faut aussi y penser.
conclut François Jacques, céréalier et Vice-président de l’AGPB (Association Générale des Producteurs de Blé et autres céréales).
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Télécharger l’étude “Progrès génétique en céréales à pailles : bilan et perspectives” d’Arvalis