France
April 7, 2023
La culture des semences est un art particulier, surtout lorsque les plantes sont multipliées de manière biologique. Dans les années à venir, la capacité de production devra s'étendre significativement. En 2022, le nouveau règlement biologique de l'UE 2018/848 est entré en vigueur, visant une utilisation de 100 % de semences biologiques d'ici 2036 pour la production végétale biologique. Les dérogations pour utiliser les semences NTC/NCC seront donc appelées à prendre fin d'ici 2036.
La production biologique devra croître de manière exponentielle
Les légumes ne sont vraiment biologiques que s’ils sont cultivés à partir de semences produites biologiquement. C’est du moins l’un des principes de base de la directive européenne sur l’agriculture biologique. Dans de nombreux cas, cependant, des dérogations peuvent être obtenues pour utiliser des semences conventionnelles non traitées chimiquement (NTC). Pour des cultures telles que la betterave rouge, certains brassicas et légumes à feuilles, les producteurs et leurs partenaires de la filière peuvent encore choisir entre des semences NTC et des semences produites biologiquement.
Ces dérogations sont toutefois appelées à prendre fin d'ici 2036. De plus, en 2022, le nouveau règlement biologique de l'UE 2018/848 est entré en vigueur, visant une utilisation de 100 % de semences biologiques d'ici 2036 pour la production végétale biologique. La production de semences est peut-être le plus grand défi auquel le secteur est confronté. Selon Wil JORINK, spécialiste des parcelles d’essai et de la production de semences chez Bejo, 2036 n’est pas loin. “Il faut au moins cinq ans pour mettre en place un nouveau site de production”.
Bejo produit des semences biologiques depuis les années 1990. Le conseiller international en production Gerrit GOUDSBLOM est impliqué depuis le début. Lui et Will, qui a rejoint l’entreprise en 2010, savent aussi bien que quiconque ce qu’il faut pour produire des semences de haute qualité. “La plupart des cultures sont bisannuelles”, explique Gerrit. “Elles doivent passer l’hiver en bonne santé pour pouvoir fleurir et former des graines la deuxième année. Cela impose des exigences exceptionnelles au producteur et à la région. Le climat est important. Les hivers ne doivent pas être trop rigoureux, mais il faut une différence de température suffisante pour que la culture puisse germer, puis les bonnes conditions climatiques pour la floraison et la pollinisation.”
Limitation des résidus
La pression des maladies et les mauvaises herbes affectent également les chances de réussite d’une culture de semences biologiques. “Les insectes sont le plus grand ennemi”, dit Gerrit. “Une infestation de pucerons ou de lygus peut complètement détruire une culture de semences”. (Voir encadré.) Les producteurs doivent également tenir compte de l’environnement, car la pollinisation croisée non planifiée doit bien sûr être évitée. Ils doivent également faire attention aux résidus de pesticides. Les semences biologiques sont strictement contrôlées, et les niveaux autorisés sont extrêmement faibles. Le sol et l’environnement en général doivent être propres. Un voisin qui pulvérise un champ peut avoir des conséquences désastreuses. Même l’utilisation de substances naturelles est délicate, selon Gerrit. “Nous devons faire très attention à ce que nous utilisons, car les directives pour la production biologique ne sont pas les mêmes partout.”
Bejo recherche de nouveaux sites et producteurs de semences
La production de semences de Bejo a lieu dans différents pays du monde. En Europe, il s’agit notamment de la France, des Pays-Bas et de l’Allemagne. Les États-Unis et l’Australie sont également des zones de culture importantes. La production a lieu en partie sur nos propres sites et en partie chez des producteurs externes. Bejo est constamment à la recherche de nouveaux sites et de fermes disposant de serres ou de champs de production adaptés à la culture de semences. “La production de semences biologiques est un type de culture à haute valeur ajoutée”, explique Gerrit. “Il faut que cela vous convienne. Cela peut être assez risqué. D’un autre côté, les rendements financiers peuvent être plus élevés.”
Une croissance exponentielle
Bejo propose une large gamme de semences produites biologiquement pour plus de 35 espèces. “Nous travaillons à proposer des semences biologiques pour une variété dans chaque catégorie. ”Si les dérogations prennent fin, le secteur devra augmenter l’offre de manière exponentielle.
Produire des semences biologiques coûte plus cher que de produire des semences NTC. Il faut aussi faire des efforts pour obtenir une qualité satisfaisante. “Nous allons devoir avoir une discussion dans le secteur sur les normes de qualité des semences”, dit Will. “Qu’est-ce qui est acceptable, qu’est-ce qui est réaliste, et où voulons-nous aller ? Par exemple, nous pouvons produire des semences de carotte mais la capacité de germination à laquelle les producteurs sont habitués avec les semences produites de manière conventionnelle est trop ambitieuse pour le moment. Il est toutefois possible d’atteindre une norme légèrement inférieure. Les producteurs peuvent donc encore obtenir un bon rendement à l’hectare avec une densité de semis un peu plus élevée.”
Gerrit ajoute : “Il faut bien commencer quelque part. Et cela encourage les entreprises à investir. La concurrence sur le marché entraînera des améliorations. Chez Bejo, nous sommes prêts à relever le défi.”